Xavier "Professeur X" Foupa-Pokam
29.04.10 par Fightway
Le sociétaire de la Snake Team se confie en exclusivité pour Fightway.fr
Présentation
Fightway:Bonjour Xavier, est-ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent
pas encore?
Je suis Xavier Foupa-Pokam. Je mesure 1m86 pour 91 kg. Je suis un combattant de la Snake Team. Compétiteur professionnel en MMA , j'ai une base de boxeur thaï et je pratique aussi la lutte et le
Jiu-jitsu brésilien. J'ai d'abord commencé les arts martiaux par le karaté en compétition durant 7 ans, puis j'ai rencontré Cyrille «The Snake» Diabaté qui m'a enseigné la boxe thaïlandaise puis le
combat libre.
Le Combat face à Lenogue
Fightway: Avant d'aborder ton parcours et ton actu, on va revenir sur ton combat face à Lenogue.
Avant ce combat, tu restais sur 3 défaites. Comment as-tu abordé le combat ? Une pression particulière ?
J'ai abordé ce combat comme j'aborde habituellement les autres combats. Sérieux, organisation et travail.
Fightway: Quelles sont tes impressions suite à ta victoire ? Trouves-tu la décision partagée logique
?
Il me reste sur la langue comme un sale goût d'inachevé. Je me sens un peu frustré aussi. Je devais assommer mon adversaire et ça ne s'est pas passé ainsi, donc forcément je suis loin d'être
satisfait du résultat. De plus sa façon de combattre, que j'avais déjà prévue bien peu noble, a été encore plus lâche que je l'imaginais : entre les nombreuses tentatives de me pousser délibérément
en dehors du ring, ces intentions de simplement figer le combat au sol comme au clinch et sa constante attitude qui consistait à fuir le combat. Il a passé les 15 minutes du combat à prendre des
coups et à faire de l'anti-jeu pour ne pas en prendre encore plus. Un vrai peureux ! Il aurait bien mérité un avertissement. De ce fait, même si je lui ai laissé un peu plus de place dans le
troisième round, j'ai encore du mal à comprendre que la décision fût partagée.
Le parcours, les expériences
Fightway: Tu as donc combattu en France, en Angleterre, au Japon, au Brésil, en Russie et aux Etats-Unis. Quels
enseignements tires-tu de toutes ces expériences ?
...Et tu oublies encore beaucoup de pays dans lesquelles j'ai combattu ! Plus d'une douzaine au total, sur quasiment tous les continents.
J'en rapporte de nombreux souvenirs et encore plus de projets à concrétiser. Mais surtout, j'ai au fil des ans et de mes aventures pu constater l'évolution de notre discipline pour conclure que notre
pays a encore beaucoup de retard dans la considération qu'il apporte à notre sport et a ses pratiquants. Les pouvoirs publics devraient cesser de céder à la pression des lobbies anti-MMA. Ainsi les
français qui ne reçoivent qu'un message biaisé, par ces mêmes personnes que le freefight dérange dans leurs «activités», pourraient enfin comprendre les vrais intérêts de notre discipline, en tant
qu'art martial, en tant que spectacle et en tant que sport à part entière.
Fightway: Quel est pour toi le meilleur souvenir ? Le combat dans lequel tu as le plus appris
?
Je ne saurais isoler ni citer de «meilleur» souvenir, tant la compétition de haut-niveau, spécialement en freefight, est un formidable véhicule à émotions fortes !
Je peux en revanche citer deux moments parmi d'autres qui m'ont marqué dernièrement : à la fin de mon combat au 100% fight II, je me suis retourné vers mon coin et j'ai alors constaté qu'il y avait
une foule de mes coéquipiers arborant le maillot frappé du Sceau des Guerriers tout le long du ring ! Ca m'a fait un bien fou de savoir que tant de mes proches étaient venus me soutenir et de sentir
tant de spectateurs clamer le nom de mon équipe et de ses combattants. Je suis habitué à combattre à l'étranger et mes adversaires sont généralement des combattants locaux d'où une foule qui ne m'est
pas toujours favorable. De plus, cela illustrait un fait comme étant une évidence : la Snake Team n'est pas qu'une équipe, la Snake Team n'est pas qu'une famille, mais que la Snake Team est aussi un
état d'esprit.
Puis je me suis à nouveau retourné (j'ai passé la suite de la soirée à me retourner !) et j'ai vu mon père achever d'escalader le bord du ring pour me rejoindre.
Ceux qui ne voient dans le freefight que la violence, passent à coté de ce genre de moments très intenses...
Fightway: Penses-tu avoir fait des erreurs dans tes choix de carrière ?
Non. Je constate tous les jours à quel point j'ai la chance d'avoir commencé le freefight via quelqu'un qui m'a toujours très bien encadré : Cyrille Diabaté. J'observe régulièrement qu'on a beau
avoir des qualités, qu'elles soient physiques et/ou psychologiques, on peut toujours finir par voir son potentiel et ses ambitions gâchées par un mauvais entourage.
Fightway: Au moment où Cyrille Diabaté va combattre à l'UFC, quels conseils lui as-tu prodigué?
Cyrille est mon entraîneur donc c'est habituellement lui qui me donne les conseils, pas l'inverse ! En revanche, il doit savoir que s'il a besoin de moi pour quoi que ce soit je suis à sa
disposition, comme d'habitude.
Fightway: Quelles furent tes impressions lorsque tu as mis les pieds dans l'Octogone pour la première fois
?
Mes premiers pas dans l'Octogone ne m'ont pas tiré d'émotion particulière à ce moment précis. En revanche, il m'est déjà arrivé de réfléchir au fait que j'allais enfin fouler le tapis de cette
cage... Alors qu'une quinzaine d'années auparavant, je n'aurais jamais imaginé que je serais à la place des combattants de ces vidéocassettes que nous échangions dans les vestiaires de Karaté... En
cachette bien-sûr !
Fightway: Selon toi, que manque-t-il aux Français pour se hisser au plus haut niveau ?
Il est sûr que pour nous, combattants Français, la tâche est plus difficile que pour d'autres qui disposent dans leur pays d'instances publiques qui réglementent mais aussi régulent tout ce qui
concerne notre discipline. Mais il y a bien longtemps que les athlètes Français ont compris qu'ils n'avaient rien à attendre des gens qui dirigent notre pays, du moins dans l'immédiat. Du coup,
chacun prend des dispositions pour s'en sortir par ses propres moyens. Ceci dit, au-delà des difficultés, le fait d'être ainsi délaissé et livré à soi-même peut tout de même avoir un avantage : cela
forge le mental. Ainsi les combattants Français qui réussissent finalement à arriver à un haut-niveau de compétition sont souvent armés d'une grande détermination.
L'actualité et le futur
Fightway: Quelles sont tes prochaines échéances ?
Pour l'instant, mes combats à venir sont en cours de négociation. J'attends les confirmations par signature.
Fightway: Tu as commencé les combats en MMA en 2002, tu as fait 33 combats, t'arrive-t'il de ressentir une
lassitude ? Comment fais-tu pour garder la motivation ?
Je m'entraîne tous les jours, souvent 2 deux fois par jour. Mais je me suis toujours méfié de la lassitude et du sentiment de saturation qui menacent lorsque l'on pratique souvent la même activité, à
fortiori lorsqu'elle est difficile. On a beau pratiquer quelque chose qu'on aime, il faut savoir ne pas trop en faire pour continuer à aimer cela. Le chocolat est bon, mais il peut faire mal au
ventre... D'une manière générale, mes protocoles d'entraînement changent régulièrement que ce soit au niveau des horaires, du type de travail et de l'intensité des séances. Notre entraîneur et nos
préparateurs physiques Olivier Ancely et Jimmy Riah font aussi en sorte de suffisamment varier le contenu de nos séances. Nous avons la chance de pratiquer un sport si complexe que l'on peut
l'approcher de plusieurs façons différentes et ainsi éviter de rendre sa pratique trop répétitive. Et surtout, je garde de vue mon principal objectif : devenir un jour un grand champion.
Fightway: Enfin, imaginons que tu te balades tranquillement dans la rue et qu'un Chimpanzé se jette
sur toi:Que fais-tu ?
Direct-uppercut-crochet puis je ressors avec un high-kick. Et si ces potes les chimpanzés ne sont pas d'accord, ce sera le même tarif pour eux !
Fightway: Merci à Xavier d'avoir pris de son temps afin de répondre à nos questions.
http://www.fightway.fr/news-mma-1043-Xavier-Professeur-X-Foupa-Pokam.html